Il y a très longtemps, une femme vivait dans la capitale de l’Aravia. Issue d’une lignée de nobles elfes, elle ne connut ni la misère ni le besoin. Serris – c’est ainsi que l’avait nommée sa tendre mère – était une enfant perspicace qui consommait avidement tout ce que ses tuteurs privés pouvaient lui apporter. Il ne fallut pas longtemps pour que ses aptitudes magiques se manifestent et que la jeune fille reçoive une éducation dans le domaine des arcanes.
Son but ultime était simple, rudimentaire même, mais tellement désirable : la vie et la jeunesse éternelles. Et pour y parvenir, elle s’est plongée dans les traditions interdites. D’abord avec précaution, se méfiant des horreurs qu’elle pourrait déclencher.
Mais à mesure que la réponse lui échappait, Serris ne comptait plus les limites qu’elle avait franchies. Un praticien des arts obscurs moins expérimenté aurait été attrapé et banni depuis longtemps, voire pire, mais Serris avait toujours une longueur d’avance sur ses persécuteurs potentiels.
Toujours aimable et charismatique, elle parvint à piéger plusieurs rivaux et à échapper aux conséquences de ses crimes. C’est ainsi que, les années passant, elle a lentement rassemblé de petits morceaux de l’histoire, élaborant un rituel qui, croyait-elle, lui conférerait une beauté inaltérable.
Ce rituel nécessitait beaucoup de préparation, des ingrédients exotiques et, pire que tout, le sacrifice de son propre sang. Dans la nuit la plus noire, Serris rassembla tous les réactifs nécessaires et s’attela à la préparation de son merveilleux élixir.
Serris elle-même avait été brûlée par la flamme des sorcières et, bien que son corps soit resté indemne, sa peau avait pris à jamais une couleur verdâtre et ses yeux étaient d’un jaune éclatant. Ainsi marquée, elle n’eut d’autre choix que de fuir la capitale, talonnée par les Adjudicateurs et même les Templiers de l’Ordre Sacré.
Bien que sa beauté ait été préservée à jamais de cette manière maléfique, Serris se rendit vite compte que ce n’était qu’une question de peau. Son corps continuerait à se flétrir et à mourir si elle ne faisait rien pour y remédier.
C’est pourquoi Serris, qui a pris le titre de Madame, parcourt désormais Teleria à la recherche d’un moyen de mener à bien son projet. Sa maîtrise de la magie est pour le moins impressionnante, et son absence de morale fait que la sorcière est susceptible de s’allier à qui bon lui semble. Du moment qu’elle y trouve son compte.