La Reine de Cœur n’avait aucune idée des origines de l’homme qu’elle condamna plus tard en tant que « Valet ». Elle s’en moquait. Il faisait partie des centaines de Cultistes de K’Leth qui la servaient. Très certainement, pensa-t-elle plus tard, lorsqu’il était l’un de ses plus loyaux courtisans et de ses plus formidables guerriers, il avait été attiré par sa beauté, son comportement envoûtant, ainsi que son esprit et sa puissance enivrants.
La vérité était que le Valet était un survivant. Il faisait partie des innombrables orphelins d’Anhelt qui avaient fui les nonnes brutales de l’orphelinat de l’Église de Lumaya. Il entendit parler du Culte de K’Leth dans les rues d’Amoc et apprit qu’il promettait bien plus que l’Église : l’immortalité dans cette vie, quelque chose qui pouvait facilement tenter un garçon qui avait souvent vu la mort au cours de sa courte existence.
Ce désir poussa le Valet à endurer les brutalités du Culte qui, il le découvrit rapidement, étaient similaires à celles de l’Église. Endurci par son expérience passée, à l’aide de combines et de ses poings, il se tira des fonds de la hiérarchie pour atteindre un rang moyen inférieur. Avec une once de pouvoir et des connaissances sur la manière dont fonctionnait le Culte, il savait qu’il devait trouver quelqu’un chez les Revenants Chevaliers à qui s’attacher, une personne en pleine ascension qui disposait d’alliés auprès des Bergers d’Âmes, s’il voulait vivre pour toujours. Après des années de rude labeur non récompensé, le Valet en rencontra une qui se faisait appeler la Reine de Cœur.
Elle était arrogante, rustre et ambitieuse. Une combinaison d’assurance et de beauté irrésistibles lui avaient permis de réunir un grand nombre de partisans en peu de temps et elle était fabuleusement riche. La Reine était un personnage insolite en cela qu’elle était indifférente aux désirs des autres Chevaliers. Son mauvais caractère était réputé et son impulsivité la poussait à donner des récompenses incroyables et de terribles punitions. S’il jouait bien ses cartes, pensa le Valet, il pourrait recevoir un grand prix en récompense.
Il le fit pendant des années. Les récompenses arrivèrent. Le rang. Le prestige. Une armure de qualité. De superbes armes. Le Valet trouvait que l’aptitude de sa Reine à irriter les autres Revenants Chevaliers était divertissante, particulièrement ceux qui avaient méprisé le désir d’immortalité qu’il nourrissait.
Lorsqu’elle le bénit d’une gemme d’âme et d’un nouveau corps hôte pour son essence, son engagement vis-à-vis d’elle fut cimenté. Voici une femme qui reconnaissait son travail et sa loyauté. Quel que soit le complot qu’elle préparait, jura-t-il, il le réaliserait comme elle le désirait.
Il le fit jusqu’à ce que la Reine déclarât à sa cour qu’elle avait l’intention de négocier une alliance avec les Seigneurs Insectes de Durham ou, si cela échouait, de les voler. Elle obtiendrait leur puissance et leurs connaissances, et les utiliserait pour s’emparer du trône de Kaerok.
Le Valet était atterré. Comme la plupart des gens, il ne savait pas grand-chose à propos des Seigneurs Insectes. C’était là le problème. Il était impossible de prédire leurs actions. S’ils possédaient la puissance évoquée par la rumeur, même lui, la Reine et son aide-sorcier bizarre, le Chapelier Fou, associés ne seraient pas de taille, dit-il. La Reine, tombant à genoux sur le sol à motif d’échiquier de la cour de la Reine, la suppliant de revenir sur sa décision.
Il souhaitait ardemment qu’elle devienne Reine, mais ce n’était pas la bonne façon d’y parvenir. C’était trop dangereux. Ils détruiraient tout ce qu’elle avait construit et si son service fidèle signifiait quelque chose pour elle, elle écouterait certainement ce qu’il disait. La Reine le congédia en levant les yeux au ciel, l’appelant « rasoir » et lui riant au visage. Toute la cour se joignit à elle. Le Valet possédait suffisamment de ressources pour faire une révérence avant de partir, le visage rougi par la honte. Le lendemain, il envoya une lettre à la Forêt de Durham par fauvette écarlate.
Le Chapelier Fou, suffisamment fou pour être appelé fou, suffisamment sain d’esprit pour savoir ce qu’il faisait, pris le Valet sur le fait. Ce dernier fut tiré devant la Reine. Elle le déclara « Valet » pour sa « trahison » et lui fit couper la tête sur le champ. Son corps et son équipement de guerre furent ensuite jetés hors de la cour en un gros tas.
Cette nuit-là, une marée de scorpions, de scarabées, d’araignées et de mille-pattes sortirent d’un bois proche pour s’approcher des restes puants du Valet. Ils transportèrent son corps, sa tête et son équipement de guerre. Pendant plusieurs jours, ils voyagèrent jusqu’au cœur de la Forêt de Durham, présentant leur cadeau à leurs maîtres.
Les Seigneurs Insectes reconstruisirent le Valet. Ils recousurent sa tête sur son corps avec une tresse-toile donneuse de vie. Ils fixèrent sur sa cuirasse un énorme joyau en forme de cœur, fait du venin solidifié et béni de scorpions piste-mort, d’aspics de feu et d’araignées toile-tigre, mélangé avec les sécrétions enchantées de calottes mortuaires, qui maintenait le battement de son cœur. Adoptant le nom que la Reine lui avait donné, ils le déclarèrent Valet de Cœur pour qu’il devienne une épine dans le pied de la Reine à jamais, jusqu’à ce que la mort ne s’empare d’elle. Il bénéficiait d’une véritable immortalité indépendante.
アリーナのマスタリーが間違っている:緑の巻物を消費しすぎている・・・。