La promesse d’immortalité ne signifie pas grand-chose pour un Drake ou un ver de roche. Les faire entrer au service du Culte de K’Lenth nécessite une forme de persuasion différente, administrée au bout d’une lame ou par le craquement d’un fouet. C’est la responsabilité des menneurs de bêtes du Culte, qui s’aventurent aux quatre coins de Télédria pour pister, capturer, et, si les choses se passent mal, chasser les créatures qui y résident.
Hadrux était l’un de ces menneurs de bêtes dont la mission consistait à piler les trains d’animaux nomades qui descendaient des Terres-Mortes et traversaient le Désert de Krokan. D’autres menneurs de bêtes moins talentueux avaient précédemment raté leurs tentatives de pillage de ces convois. En conséquence, les gardes légèrement armés avaient été remplacés par des Hommes Lézards mercenaires très entraînés. S’il était confiant en ses aptitudes, Hadrux devait soigneusement choisir son moment. Il se posa dans sa cachette de chasse des Terres-Mortes, espérant voir un chariot égaré ou un voyageur perdu.
Pendant des jours, les trains de chariots cheminaient à proximité et Hadrux voyait ses proies s’éloigner. Mais au cinquième jour d’observation, il remarqua un changement. Le murmure paniqué des conducteurs de chariots, la formation rapprochée des gardes et une lueur menaçante dans le ciel. Au loin, le Mont Tonnerre, silencieux depuis longtemps, grondait, du feu dévorant un arbre depuis sa gueule ouverte alors que des éclairs frappaient son pic. Les conducteurs de chariots et les gardes étaient tous nerveux et pressés de quitter les environs du volcan, leur désorganisation offrait l’opportunité de frapper. Hadrux rassembla son équipement et s’apprêta à partir. Il fut interrompu par un petit personnage, qui ouvrait le rabat de sa cachette.
C’était un chat bipède, revêtu d’une tenue de chasse et serrant des papiers dans ses mains. Il parla de la nécessité de s’occuper d’une créature d’un autre monde qui était apparue sur le volcan voisin et qui avait le potentiel de déclencher une éruption totale. Le chat topa le morceau de papier dans sa main, suppliaint Hadrux de l’aider. Le menneur de bêtes, après avoir récupéré de sa stupefaction, s’accroupit pour calmer le félin. Il prit le papier et inspecta l’écriture étratique du chat ainsi que ses gribouillages réalisés à la hâte. Ils montraient la plus proche éruption éteinte que l’activité sismique menaçait de potentiel de ce mystérieux monstre. Grifonnée tout en bas se trouvait son nom : Alatereon. Hadrux avait sa nouvelle proie, une chosé bien plus importante que le bétail gardé par les Nomades.
Hadrux attrapa sa pièce d’équipement la plus fiable et puissante, une faux de chasse considérée comme le plus redoutable de tout Télédria, enfonda la note dans sa poche et se prépara à quitter la cachette. La chat, qui dit être un Palico, lui demanda s’il pouvait l’aider. Hadrux refusa ; il était plus simple de chasser seul et si cet Alatereon était aussi dangereux que l’affirmait cette minuscule créature, une distraction serait fatale. Après être parti, Hadrux garda en tête les avertissements du Palico pendant un moment, jusqu’à ce qu’ils disparaisssent dans les vents hurlants des Terres-Mortes. La montagne desormais éveillée comme guide, Hadrux avança péniblement à travers le désert impossible, pensant à la gloire qui serait sienne s’il réussissait à ramener ce monstre d’un autre monde à ses maîtres.
Hadrux atteignit enfin la base du Mont Tonnerre, dont les versants étaient désormais recouverts d’un étrange mélange de neige et de cendres, quelque chose qui devrait être impossible. Des nuages de tempête tournoyaient dans le ciel, illuminés par des éclairs, et des écoulements de lave descendante en bouillonnaient depuis le sommet de la montagne. Alors qu’Hadrux continuait à grimper, cette tempête élémentaire devint plus violente. Au moins, Hadrux pouvait se consoler en pensant qu’il avait vécu une vie suffisamment longue pour rencontrer une chose capable de causer une telle commotion.
Hadrux repéra rapidement sa proie sur une île au milieu d’un écoulement de lave. Enveloppé de gel et de feu, l’Alatereon vit à son tour Hadrux et un hurlement déchira les cieux. Avant qu’Hadrux ne puisse tirer sa faux, le monstre s’était envolé et faisait pleuvoir des jets de flammes dans sa direction. Il faudra dans le ciel une vitesse terrifiante, jouant pratiquement avec Hadrux alors que le Revenant Chevalier esquivait ses souffles enflammés. Hadrux devait décider de la montagne pour retrouver la terre ferme : un faux pas en naviguant dans les écoulements de lave et il serait consumé par l’étreinte en fusion.
Alors qu’Hadrux sautait par-dessus les écoulements, l’Alatereon cessa sa poursuite et vola en direction de la base du volcan. Surpris d’obtenir ce répit, Hadrux regarda autour de lui et repéra une petite silhouette au loin, le Palico, qui attirait l’attention du monstre en sautant et miaulant éperdument. Ceci offrit à Hadrux le temps nécessaire pour descendre des versants du volcan. Il échangea un regard de connivence avec son sauveur avant de dégainer sa faux. Il se jeta sur l’Alatereon comme un cyclone de lames et ils s’affrontèrent au milieu de la lave s’écoulant du Mont Tonnerre, des éclairs frappant tout autour.
Hadrux ne retourna jamais auprès des Revenants Chevaliers et ses camarades menneurs de bêtes ne découvrirent jamais son cadavre. Au cours de leurs errances dans les Terres-Mortes, tout ce qu’ils signalaient fut l’apparition d’une silhouette vêtue de noir, portant une épouvantable faux qui crépitait d’une énergie à l’aspect instable.